„Trupa Trupa croit savoir qu’un artiste, c’est quelqu’un de torturé. En tout cas, c’est ce qui ressort de ces Jolly New Songs, à l’aide d’une rythmique toujours sur la brèche, prête à bondir… vers un gouffre de mélancolie.
Le quartet polonais revient fin octobre avec un deuxième album. Les onze chansons restent dans la veine de leur première production en 2016, le bien nommé Headache, avec leurs dissonances et leurs thèmes aussi joyeux que la mort, la mélancolie, tout ça tout ça.
Nous vous avions présenté leur premier extrait, «To Me», qui a donné lieu à un clip bardé d’effets de superpositions et de miroir, pour les amateurs d’asphalte et de drôles de funambules dont la caméra est restée dans les années 90.
L’album entier oscille entre fin du monde et renaissance ; la voix tendue de Grzegorz appuyée de percussions syncopées laisse place par moments à des arrangements psychédéliques planants, comme une incursion onirique réconfortante dans cette ambiance oppressante, que l’on retrouve typiquement sur le rapide «Falling».
Cette atmosphère sombre presque cinématographique laisse l’oreille en attente. Incertaine du son qui va suivre, elle tique sur certaines distorsions vocales, s’attend à du repos alors que le rythme soudain est entraînant, ou se prépare à danser alors que l’intensité dramatique écrase implacablement l’entrain… Mais c’est cela qui permet de ne pas se lasser, d’en redemander, ça pique, mais c’est bon.
Cependant, pas de grandiloquence de cirque, rien n’est surjoué, les musiciens sont honnêtement au bord du gouffre, se raccrochant à une énergie monstrueuse. Les arpèges grelottants et les assonances saturées qui donnent l’impression de tourner dans un manège rouillé sur «Only Good Weather» provoquent une ambiance inquiétante, où la bonne humeur et l’amusement sont forcés.
Avec l’air de ne pas y toucher et de faire n’importe quoi, les ambiances torturées de Trupa Trupa imprègnent presque davantage les yeux que les oreilles. Un disque aux sons lovecraftiens qui fera bonne impression pour poser une ambiance sonore aigre-douce.”