„Il arrive parfois que certains albums mettent un peu de temps à nous parvenir. Parfois, ils nous parviennent même jamais. Il suffit d’un peu de hasard, un peu de chance, être là au bon moment ou presque. Car il faut bien le dire, nos regards se tournent rarement vers ce qui se fait en Pologne. Quand c’est Sasha Frere-Jones qui le fait (un critique américain que personne n’oserait traiter d’inculte) on se dit que peut-être il y a des choses à écouter là bas. C’est peut-être se que s’est dit Stéphane Grégoire du label Ici d’Ailleurs quand il a rencontré Trupa Trupa sur ses terres. Revenu en France avec leur disque sous le bras et l’ayant fait écouter autour de lui, tous ont fini par se ranger à l’avis du critique américain : Headache est un disque sacrément bon. Enfin, tout cela c’est pour la belle histoire. De celle que l’on met dans les dossiers de presse pour nous dire “hé mon coco, ce disque est exceptionnel alors tu nous fait un bon papier et tu dis aux gens qu’ils faut l’acheter”. Sauf qu’ici nous avons affaire avec un label qui, depuis ses débuts, nous a habitué à une certaine intégrité, ne signant jamais des artistes au hasard et ne cherchant jamais le coup mercantile. Ainsi, si Ici d’Ailleurs publie le troisième album de Trupa Trupa c’est qu’il y a une bonne raison. Headache nous arrive donc avec un peu plus d’un an après sa sortie originelle mais, dans le fonds, cela n’a pas vraiment beaucoup d’importance. Oui, parce que ce disque est une réelle belle découverte. Un disque rock alléchant, pétri d’influences savantes. On pense alors à tous ces groupes des années 90 tenants d’un rock plus cérébral qui du post-rock au post-hardcore ont généré ce qu’il y a eu de plus passionnants dans la musique électrique de la fin du siècle. Trupa Trupa s’inscrit dans cette lignée qui ne s’est pas encore tarie et qui produit encore aujourd’hui de beaux spécimens. Headache nous apparaît comme un disque frais, pour le moins surprenant, pas toujours facile à apprivoiser mais d’une belle intelligence. En témoigne ces onze titres dantesques qui vous mettent à genoux tant ils possèdent ce feu sacré qui font les grands albums. De fait, on ferait bien de tourner nos oreilles vers l’est. Manifestement, il s’y passe de belles choses.”